Cet ouvrage suit le parcours de la Volkskunde, l'ethnologie allemande de l'Allemagne, entre 1945 et 1975. La discipline, qui s'était presque unanimement convertie au nazisme, se trouvait dans le contexte d'après-guerre profondément discréditée. Elle devait par conséquent se refonder, processus qui s'est opéré par des repositionnements institutionnel, chronologique, théorique, et enfin épistémologique. En suivant l'ensemble de l'ethnologie ouest- allemande, et plus particulièrement celle pratiquée à Hambourg, nous assistons ainsi à une entreprise de refonte qui se fait de façon progressive et minutieuse, où le dire et le faire des ethnologues s'opposent souvent, et où le poids des antécédents nazis se fait constamment sentir. Cette ethnologie est alors envisagée dans sa quête de connaissance scientifique, mais aussi dans ses stratégies de légitimation et de réhabilitation. Il sera en outre question, conformément au principe d'une histoire des sciences historiciste (G. Stocking), de ne pas juger de cette ethnologie selon les critères actuels de la discipline, mais à l'aune des normes scientifiques, et aussi sociales, de l'époque.